Légendes de Goliaski : Différence entre versions
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+ | Le village d’Hendern, « pas trop loin pour qui a de longues jambes et il n'y a pas trop longtemps pour qui a bonne mémoire », est très réputé pour ses artisans et notamment son Maître Queux. La renommée de chaque Maître Queux est en grande partie attachée au Grand Gâteau qu'il confectionnera à l'occasion du Festin des Bons-Enfants, une fête particulière qui n'a lieu que tous les vingt-quatre ans et où seulement vingt-quatre enfants sont invités. | ||
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+ | Lorsque le Maître Queux quitte le village sans prévenir, les habitants d’Hendern choisissent à sa place le vieux Novâas, un homme avare et envieux qui retient auprès de lui Elfan, l'apprenti de l'ancien Maître Queux. Bien que Novâas se gargarise de sa nouvelle position, c'est en réalité Elfan qui fournit la majeure partie du travail. Lorsque le temps de la Fête de Vingt-Quatre revient, il prépare un Grand Gâteau rempli de petites surprises réservées aux enfants, couronné d'une petite poupée représentant la Reine des fées. Parmi ces babioles se trouve une étoile d'argent, découverte par Novâas dans les affaires de l'ancien Maître Queux. | ||
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+ | Aucun des enfants invités à la fête ne trouve l'étoile dans sa part de gâteau. Ce n'est que des mois plus tard que le fils du forgeron (WilsÖn’m,) la découvre et la place sur son front. En grandissant, WilsÖn’m devient un artisan réputé, dont les œuvres sont aussi solides que délicates. Grâce à l'étoile, qui, comme l'avait dit Elfan, est une« étoile-fée », il peut se rendre à sa guise au Whalaî sans danger : « les Maux mineurs évitaient l'étoile, et contre les Maux Majeurs, il était protégé ». | ||
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+ | Lors de ses voyages en Whalaî, WilsÖn’m est témoin de nombreuses choses, belles et périlleuses : les marins elfes « grands et terribles » ; l'Arbre des goðars, qui porte « des feuilles, des fleurs et des fruits innombrables, mais tous différents » ; une vallée des Monts Extérieurs où, après qu'il a essayé de poser le pied sur la surface du Lac des Larmes, un bouleau le sauve de la morsure du vent au prix de ses feuilles. S'enfonçant toujours plus dans le pays, WilsÖn’m atteint finalement la Vallée du Perpétuel Matin ; il y danse avec une jeune fille qui lui offre une fleur qui ne fane jamais et qui se transmettra parmi ses descendants. | ||
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+ | Alors qu'une nouvelle Fête des Vingt-Quatre se prépare, WilsÖn’m est convoqué en Whalaî. Il y rencontre la Reine, en qui il reconnaît la jeune fille qui lui a offert la Fleur Vivante, puis l'apprenti Elfan, devenu entre-temps Maître Queux. Celui-ci lui raconte comment l'ancien Queux (qui était le propre grand-père de WilsÖn’m) ramena l'étoile de Whalaî, et suggère à WilsÖn’m qu'il serait temps qu'elle passe à quelqu'un d'autre. À contrecœur, WilsÖn’m lui remet son étoile, et il comprend qu'Elfan est en réalité le Roi de Whalaî, disparu depuis longtemps. Elfan cuisine un nouveau Gâteau, dans lequel il dissimule à nouveau l'étoile, qui revient à un nouvel enfant : un descendant du vieux Novâas. Elfan quitte le village, après avoir révélé sa véritable nature à son ancien maître, et WilsÖn’m retourne auprès des siens. | ||
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+ | =[[Fichier:Sceau goliaski.png|40px]] Zigborg et Smaul= | ||
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+ | Il y avait déjà bien des saisons que le nain Baliîn avait recueilli la mère de Zigborg, perdue dans cette contrée déserte et sauvage, juste avant qu'elle ne donne naissance à son fils. Il les avait abrités, protégés, nourris et, comme un père, il avait donné au jeune homme une éducation complète, digne des grands guerriers de ce monde. Il lui avait enseigné l'art du combat, les ruses de la chasse, comment apprivoiser un chevreuil, dominer des loups ou dompter un ours. Il lui avait trouvé pour ami et compagnon de tous les instants un fougueux étalon gris. | ||
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+ | Un matin, au retour d'une course lointaine, Zigborg dit à Baliîn avoir entendu d'étranges bruits sur la lande, de lointains feulement, sourds et rauques. Le nain comprit qu'il ne pourrait cacher longtemps la vérité à son protégé : ces cris sinistres étaient ceux d'un redoutable dragon qui régnait sur la lande. Ce dragon, nommé Smaul, veillait sur un fabuleux trésor, dont un anneau d'or et un heaume magique conférant à ceux qui les possédaient richesse et immortalité. | ||
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+ | Baliîn mit solennellement Zigborg en garde : tous ceux qui avaient affronté ce monstre avaient disparus à tout jamais. Cela ne fit qu'augmenter la détermination de Siegfried d'affronter le dragon. Baliîn décida alors de confier au jeune homme l'épée de son père Zigfeul. L'arme avait été brisée lors d' un terrible et ultime combat livré par Zigfeul avant la naissance de son fils. Baliîn avait récupéré l'arme et l'avait réparée. Cette épée étincelante, avant d'être celle du père de Zigborg, avait appartenue au puissant dieu Wotan. Douée de pouvoir magique l'arme avait pour nom Northfall. | ||
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+ | Simulant l'indifférence, Smaul laissa approcher ses ennemis jusqu'à ce que le cavalier, descendu de sa monture, fût en mesure de lui assener de violents coups d'épée. Ces coups glissaient sur ses écailles sans lui faire bien mal. Mais l'un d'eux, porté sur une articulation, provoqua une désagréable douleur. Alors saisi d'une effroyable colère, le dragon prit son souffle et cracha un infernal torrent de flammes. Engloutis par le brasier, le nain et le cheval furent tués sur le coup. Seul Zigborg, plus prompt, avait pu reculer à temps. | ||
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+ | Smaul approcha lentement. Parvenu à faible distance, il décida d'en finir : il prit une nouvelle fois son souffle. Zigborg concentra alors toute sa volonté pour invoquer l'aide des dieux. Soudain, de Northfall jaillit un éclair aveuglant, une lumière intense, insupportable, destructrice qui frappa le monstre de plein fouet. Foudroyé et aveuglé, Smaul chancela, lança plusieurs coups de pattes dans le vide. En vain. Zigborg frappa et Smaul s'effondra pour toujours. | ||
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+ | Les dieux avaient aidé Zigborg. Étourdi de sa victoire, le jeune homme trempa ses lèvres dans le sang qui maculait Northfall. Aussitôt il sentit une étrange mutation s'opérer en lui : le langage des oiseaux, qui commentaient sa victoire, lui était parfaitement compréhensible. Alors Zigborg s'enduisit tout le corps du sang du dragon ; et à ce contact sa peau commença à s'épaissir, se transformant en un cuir impénétrable aux armes. Toutefois, sans qu'il le sentît, une feuille de tilleul vint se coller dans son dos, isolant la peau et ménageant ainsi un endroit vulnérable. | ||
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+ | Ensuite, guidé par les animaux, Zigborg arriva jusqu'à une île mystérieuse où se trouvait la walkyrie Bruneiild. Elle avait été endormie là pour toujours, par le dieu Wotan, au sommet d' une montagne encerclée de flamme. Zigborg osa franchir le rideau incandescent et en embrassant Bruneiild sur les lèvres, lui rendit la vie. Tous deux connurent le bonheur jusqu'au jour où Zigborg mourut au combat par l'un des innombrables croquants venu le combattre contre un peu de sa gloire, frappé dans le dos, juste à l'endroit où la feuille de tilleul s'était posée. | ||
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Version actuelle en date du 16 avril 2015 à 14:32
Saga de Baagnawulf
Le goðar Hraðgor, ancien héros aux multiples hauts faits devenus un vieil ivrogne obèse, fête bruyamment en compagnie de tous ses guerriers l’inauguration de sa grande salle de Sgarot. Le bruit de la fête parvient aux oreilles de Grachaalm’n, et semble causer à cet être difforme et monstrueux des douleurs insupportables.
Alors que les célébrations battent leur plein, Grachaalm’n fait irruption dans la salle et massacre une partie de l’assistance. Au moment où le monstre s’apprête à tuer la reine Wadaar, le vieux goðar ivre, dont tous les barons survivants ont fui, brandit son épée et défie Grachaalm’n. Bizarrement, celui-ci refuse de s’en prendre à lui et s’enfuit.
Hraðgor, dès le lendemain, fait fermer sa grande salle. Le royaume vit dans l’affliction et la crainte, ni les anciens dieux, ni la nouvelle religion du Christ ne semblant d’aucune aide pour faire cesser la terreur de Grachaalm’n.
Un jour, un drakkar accoste près du château, portant Baagnawulf et ses fidèles compagnons. Celui-ci se présente au goðar, qui fut autrefois un ami de son défunt père. Baagnawulf promet de tuer Grachaalm’n, et répond fièrement aux moqueries de Papayaat’arn, le conseiller du goðar, en se vantant d’exploits sans doute imaginaires accomplis contre des monstres marins. Il est vite évident que si Baagnawulf est un homme magnifique et un guerrier réputé, c’est aussi un orgueilleux, soucieux avant tout de construire sa propre légende, quitte à embellir sans vergogne la réalité.
Le soir même, une fête est donnée dans la grande salle, à la fois pour honorer Baagnawulf et pour défier Grachaalm’n. La reine Wadaar est visiblement séduite par le héros. Après que le couple royal s’est retiré pour la nuit, on apprend que la reine, par répugnance, s’est toujours refusée à son époux. En fait, Grachaalm’n est le fruit monstrueux des amours inavouables du roi avec une créature démoniaque. Son mariage n’ayant pas été consommé, Hraðgor n’a pas d’héritier, et paye ainsi ses mensonges et ses désirs impurs.
Pendant ce temps, Beowulf s’apprête au combat. Sachant que Grachaalm’n est sans autres armes que sa force herculéenne, il se dévêt entièrement pour affronter le monstre à égalité, se couche tranquillement, puis demande à ses guerriers de chanter bruyamment pour attirer celui-ci. Quand Grachaalm’n fracasse les portes de la salle, un combat épique a lieu, où Grachaalm’n se montre invulnérable aux haches et aux épées.
Cependant, Baagnawulf trouve le point faible du monstre – son ouïe sensible – et le vainc, puis lui arrache un bras. Grachaalm’n, devenu plus pitoyable qu’effrayant, s’enfuit dans son repaire pour mourir auprès de sa mère, en dénonçant Baagnawulf (qui, par orgueil, a eu l’imprudence de lui dire son nom) comme son meurtrier. La créature (que l’on ne voit pas) entre dans une rage folle et crie vengeance.
Le lendemain, Hraðgor, se croyant libéré de la malédiction, organise une grande fête dans sa salle, et récompense Baagnawulf en lui donnant son plus précieux trésor, une corne à boire en or massif qu’il a lui-même, prétend-t-il, autrefois dérobée au dragon Andaloon. Alors que tout le monde dort, la mère de Grachaalm’n apparaît en rêve à Baagnawulf sous la forme de la reine, qui soudain se transforme en un monstre effrayant. À son réveil, le héros découvre tous ses compagnons massacrés, à l’exception de son lieutenant Olaf, qui était allé préparer le navire pour le départ. Baagnawulf, fou de colère à la fois contre la créature et contre Hraðgor qui lui a menti, s’en va avec Olaf vers le repaire de la mère de Grachaalm’n – un lac au fond d’une grotte. Il est armé d’une épée précieuse que Papayaat’arn, se repentant de ses moqueries, lui a confiée, et de la corne d’or, qui l’éclaire comme un flambeau.
Quand Baagnawulf pénètre dans la grotte, il s’avance dans le lac et découvre une salle remplie de trésors et d'ossements, avec en son centre le cadavre de Grachaalm’n. Alors, la mère de celui-ci, un esprit des eaux, lui apparaît. En fait de monstre, il s’agit d’une femme à la peau d’or, d’une beauté inimaginable. La mère de Grachaalm’n, au lieu d’attaquer Baagnawulf, s’approche de lui et exige qu’il lui donne un nouveau fils pour remplacer celui qu’il a tué. En échange, elle promet de faire de lui un goðar puissant et riche. Elle lui demande également la corne d’or en gage de leur accord, promettant au héros que son règne durera tant que celle-ci sera en sa possession. La créature enlace Baagnawulf. Au simple contact de sa main, l’épée de Papayaat’arn se transforme en eau. De même, la volonté de Baagnawulf s’effondre, et le héros succombe au désir et à l’ambition.
À son retour à Sgarot, Baagnawulf ment avec aplomb. Il proclame avoir tué la mère de Grachaalm’n , qu’il décrit comme une horrible harpie, tout en s’excusant d’avoir perdu à jamais épée et corne dans la fureur du combat. Pour prouver ses dires, il a ramené la tête de Grachaalm’n. Le vieux Hraðgor n’est pas dupe, et le fait comprendre à Baagnawulf. « Mais maintenant » lui dit-il, « cette malédiction n’est plus la mienne ». Le soir même, Hraðgor, devant tous ses barons, annonce que puisqu’il n’a pas d’héritier, Baagnawulf lui succédera sur le trône – et épousera Wadaar. Puis, profitant du tumulte, il dégaine son épée pour mourir en guerrier et se jette d’un balcon qui domine une falaise. Qu’ils le veuillent ou non, les nobles mayens n’ont plus le choix : Baagnawulf est leur nouveau goðar.
De nombreuses années ont passé. Baagnawulf, grisonnant mais toujours superbe, est devenu le souverain invincible et riche qu’il rêvait d’être. Mais si le royaume est puissant, le goðar n’est pas heureux. Les ennemis se pressent aux frontières, poussés par le seul désir d’acquérir la gloire en vainquant le fameux Baagnawulf. Mais les combats n’ont plus la saveur d’autrefois, et le héros vieilli, réduit à commander son armée sans intervenir lui-même, est las de voir massacrer des hommes. En privé, ce n’est pas mieux : Wadaar, qui a bien senti le mensonge sous les vantardises de son nouvel époux, s’est lentement détournée de lui. Le couple n’a pas eu d’enfant. Pour égayer ses nuits, le goðar s’est choisi une jeune maîtresse, Seélenaa’n, et les deux femmes en sont venues à sympathiser. Le conseiller Papayaat’arn, de son côté, est devenu prêtre chrétien, tout en gardant à son service un esclave qu’il maltraite.
Un soir, alors que le royaume célèbre l’anniversaire de la victoire sur Grachaalm’n et que les bardes chantent la légende du grand goðar Baagnawulf – qui s’augmente de nouveaux exploits sanglants chaque année – l’esclave de Papayaat’arn est amené par son maître furieux devant le goðar. Le malheureux avoue avoir découvert la corne d’or gisant dans un marais, et l’avoir emportée dans l’espoir d’acheter sa liberté. Papayaat’arn remet la corne à Baagnawulf, mais celui-ci comprend que l’accord le liant à la mère de Grachaalm’n est rompu, et qu’il va devoir payer le prix de son orgueil. Dans la nuit, il rêve de la créature, qui est accompagnée d’un homme à la peau d’or – son fils. Au même instant, Wadaar et Seélenaa’n aperçoivent dans le ciel un dragon terrifiant, qui s’attaque au village voisin et dévaste l’église. Papayaat’arn, cruellement brûlé, est ramené au château, et annonce à Baagnawulf que la bête lui a parlé, lui disant que le marché avait été rompu et légitimant les massacres au nom de ce que Baagnawulf avait commis : « les péchés des pères ».
Le lendemain, Baagnawulf s’arme pour la bataille. Estimant à peu de choses ses chances de survie, il demande à Wadaar, qui lui avoue n’avoir jamais cessé de l’aimer, de se souvenir de lui non comme d’un héros ou d’un goðar, mais comme d’un homme faillible et imparfait. Ensuite, accompagné du fidèle Olaf, il s’avance vers la grotte. Devant l’entrée, il essaye d’avouer la vérité à Olaf, mais son vieux compagnon, tout à son admiration, ne veut rien entendre. Puis il entre à nouveau dans la sombre caverne et tente de rendre la corne d’or à la mère de Grachaalm’n. Mais la créature lui répond qu’il est trop tard, et le gigantesque dragon se précipite sur lui en crachant son feu, puis s’envole en direction du château. Baagnawulf poursuit le monstre et parvient à s’accrocher à lui.
Dans la terrible bataille qui s’ensuit, où une partie de l’armée est détruite, Beowulf réussit à empêcher la bête de brûler Wadaar et Seélenaa’n, mais doit sacrifier un de ses bras afin d’atteindre le cœur du dragon et le tuer. Vainqueur et vaincu chutent du haut de la tour au bas de la falaise. Baagnawulf mourant voit alors le dragon se transformer en l’homme doré qu’il a vu en rêve, il dépose sa main valide sur son épaule et esquisse un sourire. Puis l'homme se dissout dans la mer. Il est ensuite rejoint par Olaf, qui a survécu. Baagnawulf lui confie les destinées du royaume, puis, alors que son vieux fidèle imagine déjà comment terminer glorieusement la légende de Baagnawulf, le héros s’éteint après lui avoir dit : « il n’est plus temps de mentir, mon ami ».
Baagnawulf reçoit les funérailles d’un Goðar Mayen,. Son corps, entouré des trésors qu'il a acquis durant son règne, est couché sur un drakkar lancé vers dans le fleuve avant d'être enflammé. Olaf, devenu roi à son tour, prononce un discours funèbre élogieux et mensonger à la gloire du héros sans peur et sans reproche qu’a été son ami, puis suit des yeux le navire embrasé. Avant qu’il ne sombre, il voit la mère de Grachaalm’n enlaçant le corps de Baagnawulf au milieu des flammes. Intrigué, il s’avance sur la plage. Enfouie dans le sable il trouve la corne d'or. La créature sort alors des vagues, et jette sur lui un regard rempli de désir. Le vieux Olaf est alors subjugué par sa beauté surhumaine.
La passion de Bervassöon
Bervassöon a arrêté ses conquêtes car il est tombé amoureux d'une charmante jeune woldas ; cela mécontente ses officiers qui n'osent cependant s'en ouvrir à lui. C'est Baldüolan, son tuteur et philosophe, qui le sermonne et lui rappelle ses devoirs politiques.
La jeune femme délaissée n'hésite pas à interpeler le roi et, apprenant l'intervention du philosophe, décide de s'en venger. Dès le lendemain, alors qu'il est plongé dans ses livres, elle attire son attention en se promenant dans le jardin et en chantant sous sa fenêtre, cheveux dénoués, portant un simple bliaud entrouvert sur sa chemise, ce qui provoque le désir de l'homme. Elle accepte ses avances pour autant qu'il devienne sa monture et qu'elle puisse le chevaucher - ce que Baldüolan accepte.
Bervassöon, qui avait été prévenu par la belle, les voit dans cette posture et éclate de rire. Baldüolan, honteux alors de sa folie et de la position où il se trouve, doit admettre humblement que le jeune goðar est excusable de s'être laissé enflammer par l'amour, puisque lui-même, malgré son âge, n'a pu s'en défendre.
La morale de l'histoire est qu'il ne faut pas blâmer les amants car Sjöfn (déesse de l'amour] est maitre de tous.
L'étoile de Whalaî
Le village d’Hendern, « pas trop loin pour qui a de longues jambes et il n'y a pas trop longtemps pour qui a bonne mémoire », est très réputé pour ses artisans et notamment son Maître Queux. La renommée de chaque Maître Queux est en grande partie attachée au Grand Gâteau qu'il confectionnera à l'occasion du Festin des Bons-Enfants, une fête particulière qui n'a lieu que tous les vingt-quatre ans et où seulement vingt-quatre enfants sont invités.
Lorsque le Maître Queux quitte le village sans prévenir, les habitants d’Hendern choisissent à sa place le vieux Novâas, un homme avare et envieux qui retient auprès de lui Elfan, l'apprenti de l'ancien Maître Queux. Bien que Novâas se gargarise de sa nouvelle position, c'est en réalité Elfan qui fournit la majeure partie du travail. Lorsque le temps de la Fête de Vingt-Quatre revient, il prépare un Grand Gâteau rempli de petites surprises réservées aux enfants, couronné d'une petite poupée représentant la Reine des fées. Parmi ces babioles se trouve une étoile d'argent, découverte par Novâas dans les affaires de l'ancien Maître Queux.
Aucun des enfants invités à la fête ne trouve l'étoile dans sa part de gâteau. Ce n'est que des mois plus tard que le fils du forgeron (WilsÖn’m,) la découvre et la place sur son front. En grandissant, WilsÖn’m devient un artisan réputé, dont les œuvres sont aussi solides que délicates. Grâce à l'étoile, qui, comme l'avait dit Elfan, est une« étoile-fée », il peut se rendre à sa guise au Whalaî sans danger : « les Maux mineurs évitaient l'étoile, et contre les Maux Majeurs, il était protégé ».
Lors de ses voyages en Whalaî, WilsÖn’m est témoin de nombreuses choses, belles et périlleuses : les marins elfes « grands et terribles » ; l'Arbre des goðars, qui porte « des feuilles, des fleurs et des fruits innombrables, mais tous différents » ; une vallée des Monts Extérieurs où, après qu'il a essayé de poser le pied sur la surface du Lac des Larmes, un bouleau le sauve de la morsure du vent au prix de ses feuilles. S'enfonçant toujours plus dans le pays, WilsÖn’m atteint finalement la Vallée du Perpétuel Matin ; il y danse avec une jeune fille qui lui offre une fleur qui ne fane jamais et qui se transmettra parmi ses descendants.
Alors qu'une nouvelle Fête des Vingt-Quatre se prépare, WilsÖn’m est convoqué en Whalaî. Il y rencontre la Reine, en qui il reconnaît la jeune fille qui lui a offert la Fleur Vivante, puis l'apprenti Elfan, devenu entre-temps Maître Queux. Celui-ci lui raconte comment l'ancien Queux (qui était le propre grand-père de WilsÖn’m) ramena l'étoile de Whalaî, et suggère à WilsÖn’m qu'il serait temps qu'elle passe à quelqu'un d'autre. À contrecœur, WilsÖn’m lui remet son étoile, et il comprend qu'Elfan est en réalité le Roi de Whalaî, disparu depuis longtemps. Elfan cuisine un nouveau Gâteau, dans lequel il dissimule à nouveau l'étoile, qui revient à un nouvel enfant : un descendant du vieux Novâas. Elfan quitte le village, après avoir révélé sa véritable nature à son ancien maître, et WilsÖn’m retourne auprès des siens.
Zigborg et Smaul
Il y avait déjà bien des saisons que le nain Baliîn avait recueilli la mère de Zigborg, perdue dans cette contrée déserte et sauvage, juste avant qu'elle ne donne naissance à son fils. Il les avait abrités, protégés, nourris et, comme un père, il avait donné au jeune homme une éducation complète, digne des grands guerriers de ce monde. Il lui avait enseigné l'art du combat, les ruses de la chasse, comment apprivoiser un chevreuil, dominer des loups ou dompter un ours. Il lui avait trouvé pour ami et compagnon de tous les instants un fougueux étalon gris.
Un matin, au retour d'une course lointaine, Zigborg dit à Baliîn avoir entendu d'étranges bruits sur la lande, de lointains feulement, sourds et rauques. Le nain comprit qu'il ne pourrait cacher longtemps la vérité à son protégé : ces cris sinistres étaient ceux d'un redoutable dragon qui régnait sur la lande. Ce dragon, nommé Smaul, veillait sur un fabuleux trésor, dont un anneau d'or et un heaume magique conférant à ceux qui les possédaient richesse et immortalité.
Baliîn mit solennellement Zigborg en garde : tous ceux qui avaient affronté ce monstre avaient disparus à tout jamais. Cela ne fit qu'augmenter la détermination de Siegfried d'affronter le dragon. Baliîn décida alors de confier au jeune homme l'épée de son père Zigfeul. L'arme avait été brisée lors d' un terrible et ultime combat livré par Zigfeul avant la naissance de son fils. Baliîn avait récupéré l'arme et l'avait réparée. Cette épée étincelante, avant d'être celle du père de Zigborg, avait appartenue au puissant dieu Wotan. Douée de pouvoir magique l'arme avait pour nom Northfall.
Simulant l'indifférence, Smaul laissa approcher ses ennemis jusqu'à ce que le cavalier, descendu de sa monture, fût en mesure de lui assener de violents coups d'épée. Ces coups glissaient sur ses écailles sans lui faire bien mal. Mais l'un d'eux, porté sur une articulation, provoqua une désagréable douleur. Alors saisi d'une effroyable colère, le dragon prit son souffle et cracha un infernal torrent de flammes. Engloutis par le brasier, le nain et le cheval furent tués sur le coup. Seul Zigborg, plus prompt, avait pu reculer à temps.
Smaul approcha lentement. Parvenu à faible distance, il décida d'en finir : il prit une nouvelle fois son souffle. Zigborg concentra alors toute sa volonté pour invoquer l'aide des dieux. Soudain, de Northfall jaillit un éclair aveuglant, une lumière intense, insupportable, destructrice qui frappa le monstre de plein fouet. Foudroyé et aveuglé, Smaul chancela, lança plusieurs coups de pattes dans le vide. En vain. Zigborg frappa et Smaul s'effondra pour toujours.
Les dieux avaient aidé Zigborg. Étourdi de sa victoire, le jeune homme trempa ses lèvres dans le sang qui maculait Northfall. Aussitôt il sentit une étrange mutation s'opérer en lui : le langage des oiseaux, qui commentaient sa victoire, lui était parfaitement compréhensible. Alors Zigborg s'enduisit tout le corps du sang du dragon ; et à ce contact sa peau commença à s'épaissir, se transformant en un cuir impénétrable aux armes. Toutefois, sans qu'il le sentît, une feuille de tilleul vint se coller dans son dos, isolant la peau et ménageant ainsi un endroit vulnérable.
Ensuite, guidé par les animaux, Zigborg arriva jusqu'à une île mystérieuse où se trouvait la walkyrie Bruneiild. Elle avait été endormie là pour toujours, par le dieu Wotan, au sommet d' une montagne encerclée de flamme. Zigborg osa franchir le rideau incandescent et en embrassant Bruneiild sur les lèvres, lui rendit la vie. Tous deux connurent le bonheur jusqu'au jour où Zigborg mourut au combat par l'un des innombrables croquants venu le combattre contre un peu de sa gloire, frappé dans le dos, juste à l'endroit où la feuille de tilleul s'était posée.